Le rossignol qui a rendu Okinawa cool


Par Tim Larmer
24 juillet 2000


Namie Amuro a placé Okinawa sur la carte. D'accord, c'est une idée absurde. Amuro a quoi, 22 ans? Elle chante de la Jpop et son attribut les plus frappant est sa chevelure. Dire qu'elle est la chose la plus célèbre d'Okinawa serait dénigrer la mémoire de dizaines de milliers de massacrés durant la longue et horrible seconde guerre mondiale. Cela rendrait banale la frustration que le peuple d'Okinawa a enduré en vivant comme une colonie sous le pouvoir de l'armée en américaine au début, et le bien-être retrouvé plus tard en redevenant une région du Japon.

Pourtant Amuro, aussi jolie qu'on peut l'être avec son bronzage café et ses cheveux dorés, a fait quelque chose de remarquable pour son île natale quand elle plongea dans le milieu de la musique pop en 1995. Elle donna à l'agitée Okinawa une nouvelle image. Elle a rendu Okinawa cool.

Amuro fut découverte par Masayuki Makino, un organisateur enchanté par la jeune fille lorsqu'elle suivit une amie à son école d'art dramatique d'Okinawa. "Elle est très talentueuse" dit-il maintenant. Il la mis dans un groupe chantant et dansant appelé les Super Monkeys quand elle avait 14 ans. Amuro, dont l'ambition quand elle était petite était de devenir hôtesse de l'air, apparaissait dans des séries à la télé et déguisée en lapin géant dans des émissions pour enfants avant de se mettre à chanter et atteindre les sommets des charts son hit de 1995 "Try me". Ils l'ont essayée, et ils l'ont adorée. Elle était une star à l'âge de 17 ans. Ses disques étaient des bestsellers, les billets de ses concerts étaient épuisés en moins de 10mn après avoir été mis en vente.

Amuro est d'une beauté étourdissante, il n'y a rien à en redire. Un quart italienne et trois quart d'Okinawa, elle est exotique dans le Japon homogène, mais son image est assez familière pour ne pas être une menace : peau bronzée, un trait fin de crayon pour les sourcils, de longs cheveux décolorés en châtain clair, des mini-jupes et des chaussures à plateforme. Elle peut chanter, elel peut danser, c'est sûr. Mais c'est ce look qui l'a catapulté au sommet du tas des reines des ados du Japon. Des troupeaux d'"Amuraas" sont vite apparus partout au Japon, des jeunes filles imitant son style avec un tatouage en forme de code barre sur le poignet droit. Les "Amuraas" ont disparus aujourd'hui mais elles ont évoluées en des hordes d'adolescentes à la peau bronzée, aux cheveux gris argentés avec du rouge à lèvre et du fard à paupières blanc et des chaussures à plateforme défiant les lois de la gravité. Cette personne bizarre et au physique non flatteur n'est pas du tout Amuro. La peau est plus noire, la couleur des cheveux plus claire, les mini-jupes plus mini, les plateformes plus hautes. Mais elle prend ses racines dans la beauté naturelle okinawaïenne d'Amuro.

Ce n'est pas quelque chose dont la diva de la pop a envie de discuter. "On ne veut pas souligner le lien avec Okinawa." prévint un de ses mangers, Akira Kobayashi. Mais nous l'avons fait. Nous avons donc parlé à Amuro d'Okinawa à la grande consternation de Kobayashi et de six gardes du corps habillés en noir qui lui tournaient autour durant la dernière interview. "Ca va aller." dit-elle au surprotecteur Kobayashi. Puis à nous : "Si j'avais un sentiment très fort concernant le fait d'être d'Okinawa, je serais restée à Okinawa et j'aurais fait de la musique typique d'Okinawa." La voix venant de cette petite jeune femme était surprenamment costaude. "Je ne pense pas que je devrais comme ci ou comme ça parce que je suis d'Okinawa. J'aime juste faire de la musique." Le peuple d'Okinawa cherchant un modèle devrait regarder autre part. Il n'y a rien dans sa musique typque d'Okinawa de toutes façons. "C'est un mode" affirme Rinken Teruya, leader d'un groupe connu d'Okinawa. "Ca copie la musique américaine. Elle pourrait très bien être d'Hokkaido."

La brève carrière d'Amuro ressemble à une série télé. Au sommet de la gloire en 1997, elle choqua ses fans -et les sensibilités japonaises- en annonçant qu'elle était mariée secrètement avec un dancer dont le nom de scène est Sam, et qu'elle était enceinte de 3 mois. "Elle était finie" dit Makino, son mentor, qui s'est depuis séparé d'Amuro. Son abrupt changement de vie commençait pourtant avec une nouvelle mode : se marier jeune. Puis elle disparut de la vue du public pendant un an. En décembre 1998, elle fit son comeback à la compétition de chant de la chaîne NHK. A la fin de sa prestation, elle fondit en larmes. Les japonais adorent un bon pleur. Les indices d'écoute de la chaîne montèrent en flèche. Amuro était de retour. "Non, je n'ai pas pleuré délibérément." expliqua Amuro la semaine dernière avec un rire. "Le public m'a accueilli si chaleureusement que je n'ai pas pu m'en empêcher". Son single suivant a atteint les sommets des charts. Elle a chanté le générique du dernier film de Pokemon et son mari et son fils sont apparus dans un campagne publicitaire du gouvernement incitant la population japonaise à avoir plus d'enfants.

Mais ses ennuis n'étaient pas terminés. En mars 1999, la mère d'Amuro, Emiko Taira, fut assassinée par son propre beau-frère -le comble, reporta la police d'Okinawa, après une moche dispute de famille. "C'était très triste et ça n'a pas été facile." dit Amuro. "La seule bonne chose est que je me sois mariée et que j'ai eu un enfant avant qu'elle ne meurt, elle a pu voir son petit-fils et jouer avec. Maintenant que je suis mère, je ne dois éviter d'être triste parce que ça pourrait en affecter mon enfant."

Dans sa plus jeunesse, dans ses jours insouciants, Amuro chantait de pétillantes chansons pop. Le tempo de sa nouvelle musique a un peu ralentit, comme dans la ballade Never end qu'elle a enregistré en l'honneur du sommet du G8. Maintenant, elle veut écrire ses propres chansons. Peut-être donner un concert à Okinawa où elle n'a jamais été seule sur scène. Et pour la prochaine mode conduite par Amuro? "Je veux juste être moi-même." expliqua-t-elle, ceci révélant un nouvel aspect conservateur venant du fait d'être mère. "Quand j'étais plus jeune, j'étais plus aventureuse et j'aurais porté n'importe quoi. Maintenant je ne porte que des vêtements qui me vont bien." Quoiqu'elle porte, le Japon ferait mieux de l'aimer. Parce que les écolières veulent touours ressembler à Amuro. Et elles se fichent d'où elle vient.

Copyright(C) 1997-2003 Namie Amuro - Toi et Moi.